Les villes sont des lieux dynamiques et stimulants, mais s’y orienter n’est pas toujours simple. Plusieurs caractéristiques de l’aménagement urbain peuvent influencer le comportement de marche ainsi que la capacité cognitive à naviguer dans ces environnements. La complexité des itinéraires et la présence de certains éléments urbains peuvent affecter des fonctions cognitives spécifiques, comme la mémoire spatiale, en stimulant l’hippocampe afin d’acquérir des connaissances sur les lieux. En retour, les capacités cognitives influencent la navigation spatiale des individus. La complexité des villes peut représenter un défi pour les personnes ayant un déclin cognitif lié au vieillissement ou aux débuts d’une démence. Cependant, les preuves concernant le rôle modérateur des capacités cognitives dans l’association entre les facteurs environnementaux et les comportements de marche restent encore limitées.
Cette étude explore dans quelle mesure les capacités cognitives (mémoire de travail visuospatiale, attention sélective, inhibition cognitive et flexibilité cognitive) modèrent les associations entre les caractéristiques de l’environnement urbain et les comportements de marche, y compris la pratique de la marche et la complexité spatiale des déplacements à pied. Nous avons analysé le comportement de mobilité de 324 adultes âgés de 50 ans et plus résidant à Melbourne, en Australie, dans le cadre du projet iMAP (international Mind, Activities and urban Places). Les données de mobilité par système de positionnement global (GPS) et les journaux de bord sur une période de 7 jours ont été utilisés pour quantifier la complexité des parcours de mobilité et le contexte d’exposition des participants (tant dans leur quartier résidentiel que dans d’autres espaces d’activités). Les capacités cognitives des participants ont été évaluées au moyen de tests cognitifs avant l’enquête sur la mobilité.
Notre étude suggère que les personnes ayant de faibles capacités cognitives sont davantage influencées par les conditions environnementales, qu’elles soient favorables ou non à la marche. Les environnements résidentiels offrant une large gamme de services favorisaient la pratique de la marche pendant au moins 15 minutes par jour chez les individus ayant une faible flexibilité cognitive. Les obstacles urbains, comme les bâtiments élevés, accentuaient les difficultés rencontrées par ces mêmes individus en réduisant leurs chances de marcher au moins 15 minutes par jour. Des environnements urbains désordonnés (avec une orientation irrégulière des rues) et une information contradictoire (des environnements denses et très connectés) conduisaient les personnes ayant une faible flexibilité cognitive et une faible capacité visuospatiale à emprunter des itinéraires plus complexes et moins connectés.